La saison de navigation, durant au maximum sept mois par année, représente un frein au développement économique de la région. Après 1850, on entrevoit enfin la possibilité de communiquer avec le centre du continent en toutes saisons grâce au chemin de fer. Les espoirs de relancer l'économie par le chemin de fer, de freiner l'émigration et de favoriser l'immigration et la colonisation iront malheureusement de déceptions en déceptions.
La construction du tronçon Sainte-Flavie à Campbellton de la ligne ferroviaire de l'Intercolonial passant aux limites de la Gaspésie est complétée en 1876. Cette ligne favorisant les villes de Campbellton et Dalhousie au Nouveau-Brunswick profite peu à la Gaspésie. Dalhousie devint alors un important centre d'expédition du poisson gaspésien. Pendant quarante ans, de 1876 à 1911, la construction du tronçon Matapédia-Gaspé, un prolongement de l'Intercolonial, connaît des problèmes de toutes sortes. Plusieurs compagnies font faillites et les abus par des spéculateurs des subsides gouvernementaux et municipaux conduisent au fameux scandale du chemin de fer de la Baie-des-Chaleurs qui entraîne la chute du gouvernement Mercier en 1894. Pour être payé, les ouvriers font la grève à Maria en 1889. Le tronçon est complété progressivement pour atteindre Caplan en 1894, New Carlisle en 1898, Paspébiac en 1902, Port-Daniel en 1907 et enfin Gaspé en 1911. Le creusage du seul tunnel ferroviaire au Québec au Cap de l’Enfer, à Port-Daniel, en 1907, suscita l’admiration des experts pour sa précision. Inauguré en 1913, le service aux passagers laisse beaucoup à désirer : ils doivent payer des tarifs à trois compagnies et le trajet de Gaspé à Québec exige deux longues journées. Grâce à l’intervention de Mgr Ross, en 1923, la ligne gaspésienne est nationalisée par le gouvernement fédéral six ans plus tard.
(Source : Magazine Gaspésie, no. 155, hiver 2006)